Dossier Arménie – Turquie, l’ombre cachée derrière l’Azerbaïdjan

Erdogan en visite à Baku, avec le président Aliev en 2020 © WKMC

Ces dernières semaines, les « incidents » se multiplient dans la région arménienne. Alors que le monde est focalisé sur le conflit russo-ukrainien, les forces azerbaïdjanaises, alliées à la Turquie, semblent se tenir prêtes à une prochaine invasion.

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Après la prise des territoires arméniens du Haut-Karabagh, l’Azerbaïdjan a pratiqué une politique systématique de destruction de toutes les « khatchkars », des pierres taillées arméniennes, croix typiques, et a utilisé ces graviers pour en faire une autoroute qui va aller jusqu’à Chouchi, ville emblématique du Haut-Karabagh. La symbolique a été expliquée par un dignitaire azerbaïdjanais : en roulant sur cette route, l’Azerbaïdjan allait rouler sur l’Arménie. « Cet exemple montre bien la mentalité qui est celle de l’Azerbaïdjan », souligne Corentin Clerc, actuellement chef de mission en Arménie pour l’association SOS Chrétiens d’Orient.

le rêve d’erdogan est bel et bien de reconstituer l’empire ottoman

Un des éléments qui dérange l’Occident et l’empêche de dénoncer cette situation est lié évidemment à la relation ambiguë entretenue avec la Turquie : chantage économique, « chantage aux migrants »… « Cette importance que prend la Turquie dans les relations internationales et les liens de dépendance qui se créent entre l’Europe et la Turquie, obligent les dirigeants occidentaux à faire preuve de diplomatie », explique Corentin Clerc. Mais derrière, ce sont les Arméniens qui en pâtissent. Lorsque des dirigeants renoncent à défendre une cause juste pour des intérêts politiques, il s’agit de faiblesse plus que de diplomatie.

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Le rêve d’Erdogan est bel et bien de reconstituer l’Empire Ottoman. Le conflit entre l’Ukraine (l’Europe, plus largement) et la Russie lui donne plus de marge de manœuvre. La situation dans la région est à surveiller de très près ces prochaines semaines.

Jeanne RIVIERE