Expo – Aux Baux-de Provence, les lumières de « la Sérénissime Venise »

Claude Monet, "San Giorgio Maggiore", Venise © Bridgeman Images

« Venise est le pays où l’on juge le mieux de la beauté des choses. » Serez-vous d’accord avec l’écrivain Stendhal (1783-1842), qui fut plus que quiconque peut-être, un amoureux des villes du Sud ? Une visite de la nouvelle exposition des Carrières de lumière, aux Baux-de-Provence, vous permettra d’en juger. Il faut dire que Venise est à l’honneur dans la région ces derniers mois ! En ces temps où voyager reste difficile, il n’est pas interdit de choisir la facilité.

Différents styles, différents bâtiments

C’est avec une série d’œuvres de Claude Monet (1840-1926) que s’ouvre l’exposition immersive. Soleils couchants et façades majestueuses des palais vénitiens se rencontrent. L’artiste a peint 37 toiles des bâtiments de la cité : palais des Doges, église Santa Maria della Salute, basilique néoclassique de San Giorgio Maggiore… L’impressionnisme devient pointillisme, avec les toiles de Paul Signac (1863-1935), où les ombres colorées de la ville se décomposent avec art.

Joseph Mallord William Turner, « San Giorgio Maggiore au soleil couchant », depuis l’Hôtel Europa, 1840, crayon, aquarelle et gouache,Tate Britain, Londres, photo: akg-images

Des ambiances, à retrouver encore aujourd’hui

Canaletto (1697-1768), de son côté, s’intéresse surtout à la vie quotidienne de la Sérénissime : le passage incessant des gondoles, les lieux de commerces et les grandes cérémonies religieuses (dont certaines ont encore lieu de nos jours).

Le spectateur profite d’un passage du côté des mosaïques pour plonger au cœur de l’art byzantin, qui a sans aucun doute laissé sa marque dans l’histoire et l’architecture de Venise. La basilique San Marco en est l’un des symboles les plus prestigieux. On y retrouve les savoir-faire tout en finesse des artistes héritiers du monde oriental.

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Giovanni Antonio Canal, dit Canaletto, « Place San Marco », Venise, vers 1730-35, huile sur toile, Fogg Art Museum, Harvard Art Museums, © Harvard Art Museums / Bequest of Grenville L. Winthrop / Bridgeman Images

Mais Venise n’est pas tout à fait Venise sans le sens de la fête : ce sont des peintres tels que Pietro Longhi (1701-1785) ou Francesco Guardi (1712-1793) qui nous font passer dans le monde tourbillonnant des fêtes et des opéras. Les lustres de verre coloré sont les meilleurs symboles de la « maestria » des artisans verriers venus de Murano, l’île situé au nord de Venise.

Le 7ème art s’invite

Il aurait sans doute manqué quelque chose à cette exposition sans la touche du 7ème art : en un lieu où Cocteau avait tourné son « Testament d’Orphée », le décor du monde photographique s’invite, à travers l’esprit des années 1960 : jeunes actrices italiennes et « Mostra del cinema » célèbrent l’image d’une Venise « glamour » sur la scène internationale de cette époque.

L’actrice Sophia Loren à Venise en 1955, photographie de Graziano Arici, Photo Archivio Arici / Bridgeman Images

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Une lanterne magique dans des plis de calcaire

En images et en musique, cette « immersion artistique » vaut vraiment la peine, dans les plis de calcaire blancs du Val d’Enfer. Brumeuse avec Turner, majestueuse avec Canaletto, brillante avec Carpaccio, secrète avec Guardi : « Venise, la Sérénissime » (nom attribué à l’époque de la République (VIIIème-XVIIIème siècle, et qui lui est resté) offre au spectateur les multiples facettes artistiques d’une ville fascinante. De la Renaissance jusqu’aux années 1960 (en photographie), la promenade – d’une quarantaine de minutes – se révèle délicieuse.

Jeanne RIVIERE

« Venise la Sérénissime », du 4 mars 2022 au 2 janvier 2023, Les Carrières des Lumières, Les Baux-de-Provence.