Patrimoine – Cathédrale et cloître de Fréjus, un ensemble unique en Provence

Le cloître de la cathédrale de Fréjus © DR

On l’appelle un « groupe épiscopal » : à Fréjus (Var), cet ensemble de bâtiments composé d’une cathédrale, d’un baptistère, d’un cloître à deux étages et d’un ancien palais épiscopal a traversé les siècles. Sa cathédrale – Saint-Léonce – a été classée aux Monuments historiques depuis 1862, et offre un remarquable point de vue sur l’architecture de différents siècles en Provence.

Fréjus doit beaucoup à un certain Jules Formigé… et la grande place qui s’étale devant le groupe épiscopal a pris son nom – la moindre des choses : en 1930, l’architecte et archéologue redécouvre le baptistère accolé à la cathédrale du côté ouest. Edifié au Vème siècle, il avait disparu au XIIIème, noyé dans la construction des murs de fortification. Il est tout de même le deuxième plus ancien de France après celui de Poitiers ! C’est là que se pratiquaient – et se pratiquent encore aujourd’hui – les baptêmes par immersion.

Du côté est, le palais épiscopal, reconstruit au début du XIXème après les dommages de la Révolution, est devenu la mairie de Fréjus. En 1853 en effet, le diocèse de Fréjus et celui de Toulon ont fusionné, et le siège du nouvel évêché s’est transposé dans la ville de la rade.

L’église elle-même est relativement petite pour une cathédrale ; elle est pourtant constituée de deux églises accolées l’une à l’autre. Elle accueille le visiteur par un portail finement sculpté d’époque Renaissance, représentant notamment des scènes de la vie de la Vierge Marie.

L’extérieur de la cathédrale de Fréjus © DR

Au fait, qui était saint Léonce, dont la cathédrale porte le nom ? L’histoire a peu retenu d’éléments sur la vie du premier évêque de Fréjus, hormis qu’il rencontra saint Honorat de Lérins – et saint Jean Cassien, bien connu à Marseille, moine fondateur de l’abbaye de saint Victor. On sait aussi que Léonce avait un frère nommé Castor…

Les animaux fantastiques

Le clou de l’ensemble demeure sans doute le plafond peint du cloître, véritable trésor architectural de la région. Quand, au XIVème siècle, une galerie supérieure a été ajoutée, la voûte a dû être remplacée par une charpente qui puisse soutenir le poids important. En mélèze – on dit que ce bois ne pourrit pas – elle présente plus de mille petites images peintes sur les caissons : que voulaient montrer les hommes du XIVème siècle ? On l’ignore encore aujourd’hui.

300 peintures environ sont encore miraculeusement conservées, des centaines d’années plus tard. Sur ces dernières, on observe des images ayant trait à la religion (anges et démons, religieux…), à la vie quotidienne (différents métiers représentés, des troubadours, des hommes de guerre…) et surtout, tout un bestiaire d’animaux fantastiques, plus étonnants les uns que les autres : mélanges entre humain et animal, humain et objet… Véritable trésor du passé, le plafond du cloître s’intègre à cet ensemble unique en Provence, témoignage historique qui vaut le détour.

Jeanne RIVIERE