« A vrai dire », la chronique éco de Pierre Dussol (13) : Cohésion

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Pierre Dussol est professeur d’économie honoraire à Aix-Marseille-Université. Il a compris depuis belle lurette les méfaits de la torsion des mots sur la désorientation et le vide des esprits. En véritable « redresseur de tors », il a décidé de reprendre les définitions de base qui permettent de mieux décrypter les habillages et autres artifices du politiquement correct. Il livre son point de vue savoureux dans les colonnes du Méridional.

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La vie économique n’englobe pas tout, mais fait partie de la vie de la société en général. Si la société fonctionne bien, est cohérente et ordonnée, la vie économique se porte mieux. La cohésion « sociale » est donc essentielle. Mais autour de quoi s’organise la cohésion et comment ? Les Suisses nous disent que leur liberté économique s’épanouit dans un ordre juridique qui est le produit d’un système de valeurs. Lesquelles ?

Pour l’économie libre, ce n’est pas difficile : responsabilité personnelle, respect des talents, sens de l’effort. Tout ne nous est pas donné, les talents humains sont indispensables, les hommes libres doivent être responsables. Cependant, que mettre « autour » ? Un ordre juridique qui garantit l’exercice des valeurs ci-dessus : il comporte la protection de la liberté d’opinion et d’entreprise, la défense de la propriété privée, le respect des contrats. Cela procède d’un sens du bien commun car celui-ci résulte de l’exercice des talents humains et ceux-ci s’épanouissent mieux dans un milieu qui les reconnaît et les protège. A ce titre l’écrasement fiscal et bureaucratique est démotivant et doit donc absolument être évité.

N’oublions pas dans le « bien commun » à défendre et à promouvoir, le sens de la nation, de la communauté de langue et de culture, valeurs qui structurent les groupes humains et les rendent plus forts. Cela ne se fait pas tout seul. Il faut que des groupes suscitent et entretiennent la cohésion : la famille, transmetteur par excellence, les solidarités professionnelles, locales, culturelles si bien évidemment il s’agit de la vraie culture, celle qui élève l’esprit par des réalisations valables et non pas la culture de l’avachissement.

Il est possible et sain d’aimer son pays sans pour autant détester les autres. Il est possible d’être attaché à la France dans ce qu’elle a produit de bon, donc pas la Terreur– mais bien plutôt l’esprit inventif de nos ingénieurs et entrepreneurs.

Les choix individuels, a rappelé Mucchieli *, s’exercent au sein de « groupes cohésifs » qui aident à résister contre la propagande massifiante, la vulgarité, la haine sociale… Ce sont les familles, les « patries », les quartiers et les villages, les métiers, bref, tout ce à l’intérieur de quoi l’individu est renforcé et protégé, donc plus libre. Le lecteur aura bien reconnu ce contre quoi s’acharnent nos destructeurs cités ci-dessus et quels objectifs ils poursuivent.

*Vladimir Volkoff : « Petite histoire de la désinformation ». Ed. du Rocher, 1999, page 278.

[Sujets liées : wokisme, cancel culture.]