La vie en commun – La Maison des Plus Petits, un havre pour les enfants handicapés

© La Maison des Plus Petits

« L’enfant, pour l’épanouissement harmonieux de sa personnalité, doit grandir dans le milieu familial, dans un climat de bonheur, d’amour et de compréhension », précise le préambule de la Convention Internationale relative aux droits de l’enfant (1989). Ce n’est malheureusement pas ce que vivent tous les petits. Parmi ceux-là, les enfants porteurs de handicap connaissent pour certains une vie difficile. L’association La Maison des Plus Petits va ouvrir son premier foyer à Marseille, destiné à accueillir ces enfants fragilisés.

Sortir les enfants du milieu de l’hôpital et leur offrir un vrai foyer : c’est l’objectif poursuivi par Violaine Roger. Pour avoir travaillé plusieurs années en pouponnière, la fondatrice de La Maison des Plus Petits sait bien de quoi elle parle. Infirmière et assistante, elle travaille, en 2016, dans l’une des plus grosses institutions de France qui accueille plus d’une centaine d’enfants handicapés, âgés de zéro à trois ans. « J’ai découvert un monde qui m’était inconnu, un monde de l’institution, où j’avais l’impression d’être dans un orphelinat en Afrique ou en Inde, alors qu’on était à Paris. »

Une forme de maltraitance involontaire

« Je côtoyais beaucoup de professionnels, très compétents et investis dans leur travail ; mais qui pour autant développaient des manières de faire maltraitantes, pour les enfants comme pour eux. » Ces mots, qui nous semblent impressionnants, reflètent une réalité de terrain. L’institution est « maltraitante » en elle-même, puisqu’il est prouvé qu’un enfant a besoin d’être entouré d’attention et d’amour, pris dans les bras, occupé… ce qu’il est impossible de faire avec 120 enfants pour une dizaine de professionnels de santé.

L’importance du climat familial

Pendant deux ans, Violaine Roger choisit de prendre le temps pour rencontrer différentes personnes connaissant le monde quotidien du handicap : professionnels, neurochirurgiens, familles ayant adopté des enfants porteurs de handicap… De cette expérience, elle ressort persuadée d’une chose : les tout-petits doivent bénéficier d’un climat familial malgré, ou d’autant plus en raison de leur handicap. « Je voulais reprendre ce qui existe déjà dans le monde des adultes, pour les enfants. » Certains bébés sont déjà cabossés par la vie, parfois placés par la justice.

Une première maison à Marseille

Une fois l’association créée, elle cherche un lieu de vie, qu’elle obtient à Marseille (13ème arrondissement). Pour poursuivre la démarche, La Maison des Plus Petits nécessite une autorisation de la part du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône. La présidente, Martine Vassal, l’accorde officiellement en juin 2021. La maison, encore en phase de travaux, accueillera donc à l’automne prochain sept enfants entre 0 et 6 ans. « C’est une maison familiale classique, nous précise la présidente de l’association. Le but est que des adultes habitent avec les enfants, justement pour récréer un modèle avec des figures d’attachement. »

N’est-il pas délicat de penser que les enfants vont s’attacher à des personnes qui peuvent ensuite être amenées à partir ? « En institution classique, les professionnels se relaient toutes les sept heures en moyenne, souligne Violaine Roger. Il est certain que les enfants peuvent bien davantage développer la confiance dans un milieu stable et chaleureux. » Elle-même habitera sur place les trois premiers mois après l’arrivée des enfants.

Une organisation détaillée

L’organisation de La Maison des Plus Petits a bien sûr été pensée dans les moindres détails. Le nombre restreint d’enfants est la clé de voûte du projet. Des adultes bien formés assureront une présence constante auprès des petits. Parmi l’équipe, on comptera des éducateurs, quelques services civiques, un veilleur de nuit, ainsi que des externes qui passeront en journée : infirmières, ergothérapeutes, psychomotriciens…

En août 2022, l’Aide Sociale à l’Enfance indiquera quels enfants rejoindront La Maison des Plus Petits. « Notre ouverture à Marseille sera une première ; à terme, si tout se passe bien, nous pourrons essaimer dans d’autres régions », conclut Violaine Roger. L’association a d’ores et déjà reçu une autre autorisation d’ouverture en Ile-de-France.

Jeanne RIVIERE