Benoît Payan : le petit télégraphiste du président

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Le maire socialiste de Marseille, Benoît Payan, a fait début janvier une conférence de presse pour louer l’action du Printemps marseillais qui est aux commandes de la mairie depuis le 4 juillet 2020, c’est-à-dire depuis un an et demi. Entre deux fanfaronnades, M. Payan a osé cette perle rare : « En dix mois, nous avons fait ce que personne n’avait réussi à faire en trente ans… » Je n’ai jamais entendu pareille tartarinade dans la bouche d’un homme politique qui se dit responsable et a participé, dans l’opposition, à la gestion de la ville de Marseille durant une vingtaine d’années… en octroyant régulièrement son vote à celui qu’il éreinte aujourd’hui : Jean-Claude Gaudin !

Et puis il ne sait pas vraiment compter M. Payan : il a barboté le siège de Mme Rubirola le 21 décembre 2020 mais il a bel et bien été élu avec elle le 4 juillet 2020, ce qui revient à dire qu’il est entré en fonction depuis seize mois et non dix mois… Voilà un maniement des chiffres très approximatif qui promet pour l’établissement du budget de la ville de Marseille.

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Je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager cet extrait d’une interview de Michèle Rubirola paru dans « La Provence » du 25 août 2020, page 5 : « Depuis notre arrivée, explique la ci-devant mairesse, nous avons récuré les gouttières des écoles car elles étaient pleines de feuilles mortes. Les rideaux ont été remplacés et on a installé des cages à Kallisté pour capturer les pigeons. On veut faire de nos écoles des îlots de fraicheur en végétalisant les toits. J’accepterai les arbres que M. Muselier voudra bien planter dans le cadre de son plan à visée écologique de 42 millions pour Marseille. C’est notre première rentrée, on a le cartable sur le dos… »

M. Payan, le vantard, se glorifie, lui, d’avoir changé Marseille en quelques mois. Les vaccinations, c’est lui, les masques, c’est lui, le logement, c’est lui, les écoles, c’est lui. C’est Monsieur Propre. Là où Payan passe, l’indigence trépasse. Hélas pour lui, ces rodomontades pagnolesques font sourire les Marseillais. Les embouteillages sont toujours inextricables, le nombre de bus et de métros est toujours le même, le sans-gêne est devenu une coutume marseillaise, le nombre de policiers visibles dans la rue est infinitésimal, le chômage est insupportable, l’insécurité s’accroît de jour en jour, l’accueil des immigrés clandestins et des réfugiés est une nouvelle spécialité municipale et aggrave les déséquilibres de la ville, bref, c’est toujours la chienlit à Marseille où un jeune homme de vingt-cinq ans peut se faire assassiner au métro Notre-Dame-du-Mont en voulant s’opposer de front aux voleurs de portable de sa copine.

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En vérité, M. Payan n’est qu’un quémandeur de fonds publics qui est devenu le petit télégraphiste du président de la République. Il refuse de demeurer le curateur des gouttières et le balayeur de feuilles mortes dont se félicitait son adjointe à la Santé. Le vrai maire de Marseille, c’est Jean Castex, le premier ministre qui ne débloque le financement des budgets que si le maire et l’opposition cessent leurs « chicayas ». M. Payan, c’est un maire au rabais qui se pare des plumes du paon et fait la roue devant une presse esbaudie. Finalement, il n’habite pas  à Kallisté mais le premier pigeon capturé par la République en marche, c’est lui. Le voilà enfermé dans une cage dorée…

Une phrase, une seule, est parfaitement exacte au cours de sa conférence de presse en forme d’autocélébration du néant : « Tout n’est pas parfait. Beaucoup reste à faire… », a-t-il concédé.

C’est le moins qu’on puisse dire.

José D’ARRIGO, rédacteur en chef du Méridional