Présidentielle 2022 : qui saura libérer la France des impôts qui l’accablent ?

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Malgré une fiscalité confiscatoire, un État toujours plus omniprésent, une dépense publique qui atteint des sommets, les candidats à l’élection présidentielle regardent ailleurs. Obnubilés par des sujets sociétaux, ils relèguent l’économie au second plan de leurs discours. Face à la gravité de la situation, il ne suffit plus de proposer de simples mesures de gestionnaire, mais une vraie vision libérale.

« La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires, il y pousse des impôts« , dénonçait Georges Clemenceau au début du siècle dernier. Depuis, les impôts ont bien poussé, et rien n’a changé, sinon en pire. La France a aujourd’hui dépassé les 45% de prélèvements obligatoires en proportion du PIB. Les technocrates de Bercy ont rivalisé d’imagination pour élaborer une panoplie d’impôts qui dépouillent directement et indirectement le citoyen à chaque étape de la vie économique. On leur doit notamment l’invention de la TVA, innovation fiscale française au succès mondial. Les baisses d’impôts annoncées en grande pompe par le personnel politique sont généralement des transferts, le relâchement consenti ici étant compensé par une taxation supplémentaire ailleurs. A la fin, c’est toujours le contribuable qui paye.

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Cette taxation confiscatoire n’est même pas rentable fiscalement. La célèbre courbe de Laffer, théorisée par l’économiste éponyme, illustre le fait que l’augmentation des impôts entraîne une hausse des recettes de l’État, jusqu’à un point de bascule. Passé ce seuil, les recettes de l’État chutent, car les contribuables ont moins intérêt à travailler lorsqu’on leur prend tant, et les plus fortunés sont de plus en plus tentés par l’exil fiscal. « Trop d’impôt tue l’impôt », en somme. Le manque à gagner causé par l’exil fiscal en France varie entre 25 et 100 milliards d’euros par an selon les estimations. Un cercle vicieux qui oblige les finances publiques, pour maintenir le même niveau de recettes, à augmenter la pression sur les contribuables restants, au nombre toujours plus restreint. Ce qui n’empêche pas la dette publique d’augmenter inexorablement. Elle atteint désormais 115% du PIB.

Pour mettre fin à cette situation, il nous faut un changement radical de paradigme. L’élection présidentielle est l’occasion idéale de porter au pouvoir un candidat authentiquement libéral. C’est-à-dire un candidat qui défende le libre marché par la confrontation sans entrave de l’offre et de la demande, la liberté d’entreprendre et le libre-échange, la libération des forces économiques des prélèvements excessifs, et qui consacre la propriété. Cela suppose de cantonner l’État à ses fonctions strictement nécessaires, pour l’empêcher d’entraver les mécanismes du marché, de fausser la concurrence, et d’entretenir les rentes. Une gageure en France, où la soumission à l’État est profondément ancrée dans les mœurs, et où les citoyens lui délèguent depuis si longtemps la responsabilité de leur propre bonheur.  

La campagne des présidentielles qui s’amorce est à ce titre profondément décevante. Aucun candidat ne porte une véritable vision économique libérale. Les sujets de société dominent outrageusement les débats, reléguant l’économie au second plan, à l’accessoire. On présente bien quelques mesures fiscales et sociales pour faire bonne mesure, mais on sent que le cœur n’y est pas. On dit que dans Constantinople assiégée en 1453, à l’aube de la prise de la ville par les Turcs, les clercs byzantins étaient surtout préoccupés par leurs débats théologiques sur le sexe des anges. Dans la France accablée d’impôts de 2021, on s’écharpe sur le port du voile lors des sorties scolaires.

A gauche, le libéralisme n’a pas bonne presse – c’est un euphémisme. De nombreuses personnalités y ont même le culot de prétendre que la France serait un pays livré au « néolibéralisme », voire à l’« ultralibéralisme ». Aucun espoir de ce côté-là, alors que les candidats de gauche, de Jean-Luc Mélenchon à Anne Hidalgo en passant par Yannick Jadot, vilipendent la croissance, parlent de « planification écologique », de création d’un ISF climatique, de revalorisation du SMIC, d’encadrement des loyers, de retraite à 60 ans, etc. De quoi asséner le coup de grâce au contribuable français déjà moribond. Quant à Marine Le Pen, elle partage à bien des égards ces conceptions socialisantes.

A droite, les programmes sont plutôt contrastés. Eric Zemmour avance certaines propositions classiques mais bienvenues, comme une baisse massive des impôts de production, et de l’impôt sur les sociétés pour les petites entreprises, l’exemption de droits de succession pour les entreprises familiales, et la création d’un Haut-commissariat à la simplification administrative. Ces mesures seraient principalement compensées par un report de l’âge de la retraite à 64 ans, et le retrait des aides sociales aux étrangers, pour que « la solidarité nationale redevienne nationale ». Toutefois, si son programme soutient la liberté à l’intérieur des frontières, il est protectionniste à l’extérieur, et prévoit de surtaxer certains produits d’importation, notamment asiatiques. Dirigiste, il préfère le colbertisme au libre-échange, pourtant consacré par bien des études comme le meilleur système de création de richesse et d’emploi. S’il ambitionne de rendre aux entreprises françaises leur compétitivité, c’est pour mieux lutter contre la concurrence étrangère, et surtout rétablir la place de la France dans le concert des nations. L’économie est donc avant tout pour lui l’instrument d’une « guerre économique », pendant de la « guerre des civilisations ».

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De son côté, Valérie Pécresse se définit comme « 2/3 Merkel et 1/3 Tchatcher », et prétend être « la plus libérale des candidats à droite ». La moins illibérale, peut-être. Au menu, la baisse des impôts de production, le renforcement de la dégressivité de l’assurance chômage, la retraite à 65 ans, la défiscalisation des donations jusqu’à 100.000 euros, et la suppression de « 10% de l’administration administrante » soit 200 000 emplois de fonctionnaires en moins. Une de ses mesures phares consiste à augmenter de 10% les salaires nets jusqu’à 2,2 SMIC, grâce à la baisse des charges salariales des entreprises, en contrepartie de la fin des 35h. En réalité, des baisses similaires ont déjà été consenties ces dernières années, mais ces recettes perdues pour l’État ont été récupérées par une hausse équivalente des prélèvements obligatoires. Un beau numéro d’illusionniste. L’ancienne ministre du budget connaît la musique, et espère financer cette promesse grâce aux économies réalisées ailleurs, tout en réduisant la dette. Un pari optimiste.

On l’a vu, les candidats déclarés à l’élection présidentielle brillent peu par leur vision économique, éclipsée dans les débats au profit de sujets régaliens ou philosophiques. Certaines propositions intéressantes émergent, mais plus que d’artifices comptables et d’engagements électoralistes, c’est d’une révolution dont la France a besoin. Il est plus que temps de recentrer le débat sur l’économie : tout en découle. Car le pays attend toujours celui qui le libèrera des griffes de l’État Léviathan, de l’oppression fiscale, et du marxisme intellectuel.

Antoine LIVIA