A Aubagne, l’année se clôt sur un conseil municipal tendu

Le lundi 13 décembre, le conseil municipal d’Aubagne s’est réuni à l’Espace des libertés, avec notamment pour mission de voter le budget de l’année 2022. La réunion a donné lieu à plusieurs passes d’armes à connotation idéologique entre majorité et opposition, dans une ambiance électrique. Morceaux choisis.

A Aubagne, le clivage politique est historiquement fort. L’actuel maire Gérard Gazay (LR) a ravi en 2014 la mairie à Daniel Fontaine (PCF). Un événement, alors que les communistes tenaient la ville depuis 49 ans. La nouvelle majorité a donc instauré une gestion municipale aux antipodes de celle de l’équipe précédente, dont certains membres sont toujours élus. Ce désaccord de fond s’est pleinement manifesté lundi dernier, avec le groupe d’opposition « Rassemblé.e.s pour Aubagne » réunissant communistes et écologistes.

Le budget mis en cause

Le vote du budget a été l’occasion des premières critiques en provenance de l’opposition. Après la présentation du budget par Danielle Menet, l’adjointe chargée des finances et du budget, Denis Grandjean (EELV) lance l’offensive en dénonçant des charges largement sous-évaluées, et « pose la question de la sincérité des chiffres présentés ». Ce à quoi Mme Menet répond avoir simplement réajusté les dépenses en fonction de nouvelles recettes et des besoins. « Vous employez des mots dont vous ne maîtrisez pas le sens », rétorque le maire à l’édile écologiste, « vous faites de la politique, nous faisons de la gestion de la commune. » Daniel Grandjean réplique à son tour : « Vous nous renvoyez à une incompétence supposée qui est peut-être bien la vôtre. ». « Je répète et je maintiens, ce sont des principes budgétaires acceptables et acceptés par les administrations » achève Gérard Gazay.

Le « tout sécuritaire » contre la culture et le sport ?

Daniel Grandjean ne s’arrête pas là, et critique une politique du « tout sécuritaire » qui accaparerait le budget municipal au détriment des investissements sportifs, culturels, scolaires, et écologiques. Alexandre Latz (Place Publique), brocarde même une « ligne trop conservatrice ».  L’adjoint à la culture Philippe Amy, remonté, ne laisse pas passer l’affront. Il rappelle tout ce qui a été accompli par la ville en faveur d’une « culture populaire », alors qu’elle a consacré un an à Marcel Pagnol, le plus illustre des Aubagnais, quand les communistes lui avaient « chichement » dédié une journée pour son centenaire. Pascal Agostini, adjoint aux sports, tient également à défendre son action, et à rappeler : « C’est nous qui réparons les erreurs des autres », faisant notamment allusion à la piscine Alain Bernard, où l’ancienne équipe a laissé un lourd héritage de malfaçons.

Les heures sombres de notre histoire…

Le thème de la sécurité ne pouvait que susciter les passions idéologiques. L’équipe en place avait déjà augmenté significativement le nombre de policiers municipaux et de caméras. La proposition de créer une brigade canine dans la police municipale est l’annonce de trop pour l’opposante écologiste Dominique Benassaya, qui lance : « L’image de policiers armés tenant des chiens en laisse, patrouillant dans notre ville calme et sereine, nous renvoie à d’autres temps. » « Mesdames Messieurs de l’opposition, vous êtes des imposteurs », s’emporte Vincent Rusconi, adjoint à la sécurité, à l’origine de l’idée. Le premier adjoint Alain Rousset s’indigne : « Vous ajoutez de l’huile sur le feu. Vous nous traitez de nazis ! » « Madame Benassaya, vous êtes allée trop loin. Votre déclaration est insupportable, inexcusable », conclut le maire. A Aubagne, des enjeux parfaitement locaux tendent à être phagocytés par partis pris idéologiques qui les dépassent, parfois jusqu’à la caricature.

Antoine LIVIA