« Les grandes affaires des services secrets » : quand la réalité dépasse la fiction

Généraux alliés à la porte de Brandeburg à Berlin, en juillet 1945 © WKMC

Et si les victoires et les défaites des Etats tenaient aux événements qui se trament dans l’ombre, et que les citoyens ignorent ? Ces mots magiques de « services secrets » ne laissent pas de fasciner. Dans son dernier livre intitulé « Les grandes affaires des services secrets » (Perrin), Rémi Kauffer, spécialiste du sujet, nous plonge dans cet univers « de l’autre côté du miroir ». En vingt-deux chapitres, l’auteur promène le lecteur dans les affaires labyrinthiques du XXème siècle.

« Qu’est-ce qu’une grande affaire des services secrets ? Un épisode d’espionnage qui révèle, induit ou traduit une modification du rapport des forces entre les États concernés. » Vaste sujet. Sans surprise, la Seconde Guerre mondiale a confirmé l’importance de ces enjeux d’espionnage, et a vu aussi leur multiplication. En même temps que prend fin le danger du nazisme, la Guerre froide ouvre une ère de méfiance et de jeux politiques cachés : une ambiance souvent rendue dans des films ou des romans, mais des produits de l’Histoire elle-même.

Taupes et taupinières

Rémi Kauffer traverse les décennies depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu’à la fin du siècle. On ne peut, bien sûr, évoquer toutes les affaires des services secrets du XXème. Ce sont en tous les cas des pierres blanches dans les repères de l’histoire européenne et au-delà : intox anglaises autour du débarquement allié en Normandie, luttes pour Berlin, crise des fusées de Cuba (1962), espions soviétiques en France, tensions vis-à-vis du front afghan, gigantesque affaire Farewell… les taupes n’ont pas intérêt à rester aveugles.

Berlin, nid d’espions

De 1945 à 1991, Berlin a été la ville de tous les appétits. Stratégiquement située à la frontière entre monde de l’est et monde de l’ouest, elle a représenté le cœur des batailles, tant matérielles qu’idéologiques. Pendant toute la période de Guerre froide, l’« âge d’or » de l’espionnage, les espions s’y sont croisés.

Dans ces affaires, qui commande ? Qui exécute ? Qui joue les intermédiaires ? L’auteur des « Maîtres de l’espionnage » connaît comme sa poche les entrailles de ces histoires de l’ombre. Il replace toujours dans leur contexte les affaires évoquées, de façon claire, sans porter préjudice au récit lui-même. Un décor précieux et nécessaire.

« L’espionnage : une réalité trop souvent ignorée qui n’explique certes pas tout, mais bien des choses quand même. » Spectaculaires ou plus « feutrées », ces « grandes affaires des services secrets » éclairent en grande partie le monde politique et géopolitique d’aujourd’hui. Les récits enlevés de Rémi Kauffer n’ont rien à envier à un roman.

Jeanne RIVIERE

« Les grandes affaires des secrvices secrets », Rémi Kauffer, Perrin, août 2021, 480 pages, 24€.