Haut-Karabagh, un an après : ne pas oublier

Septembre 2020, rue bombardée de Stepanakert © WKMC

Un peu plus d’un an après le déclenchement du conflit meurtrier entre l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, et le Haut-Karabagh, soutenu par l’Arménie (septembre 2020) rien n’est résolu. L’Azerbaïdjan continue de grignoter les terres du Haut-Karabagh, beaucoup de prisonniers arméniens n’ont pas été rendus… Le 20 octobre au château de La Buzine (11ème arrondissement de Marseille) une soirée au profit des blessés de l’Arménie était organisée par l’association SOS Chrétiens d’Orient.

Autour du film arménien de Nora Martirosyan « Si le vent tombe », le philosophe Michel Onfray, le journaliste Stéphane Simon et le député LR des Bouches-du-Rhône Guy Teissier, vice-président du groupe d’Amitié France-Arménie à l’Assemblée nationale, ont pris la parole. Pour rappeler l’importance de ne pas oublier.

François-Xavier Gicquel, directeur des opérations, dresse un portrait de la situation d’urgence à laquelle il a fallu se confronter il y a un an. Une mission d’urgence de SOS Chrétiens d’Orient s’ouvre à partir de Stepanakert : nourriture, vêtements chauds, gaz, mais aussi jouets et occupations pour les enfants. La mission permanente, au bout d’une dizaine de jours, lui succède. Depuis, 65 volontaires se relaient au quotidien, pour soutenir le peuple arménien du Haut-Karabagh. Plusieurs projets sont en cours de développement, comme la mise en place de formation au développement agricole. « L’objectif, rappelle François-Xavier Gicquel, est que ces personnes puissent vivre de leur propre ressource sur le sol de leurs ancêtres. Et d’éviter l’hémorragie de la jeunesse. » Le travail sur place de SOS Chrétiens d’Orient est remarquable ; il faut aussi préciser que les associations et ONG ne sont pas si présentes sur le territoire, ou alors sont reparties après quelques mois. Le travail est encore immense.

De gauche à droite sur la photo : Stéphane Simon, Guy Teissier, François-Xavier Gicquel, Michel Onfray © Le Méridional

Les jeunes sont nombreux, Guy Teissier le souligne, à vouloir se rendre en Russie : les Russes sont très présents sur le territoire, et là-bas la diaspora grandit. « Il faut travailler pour l’autonomie de l’Arménie », insistent nos intervenants.

Stéphane Simon et Michel Onfray, les co-fondateurs de la revue « Front Populaire » se sont tous deux rendus sur le terrain en novembre 2020. Un documentaire en est tiré : « Arménie, un choc des civilisations » : une expression à laquelle tient Michel Onfray. Le « gros mot » de « civilisation » pour lui revêt tout son sens, face à un empire ottoman qui se reconstitue. Guy Teissier revient sur un « devoir de solidarité » envers le peuple arménien, qu’il a défendu à l’Assemblée nationale, de même que Valérie Boyer au Sénat.

Pour tous, la cécité des pays européens est frappante. Celles des médias notamment. Alors même que l’Arménie est, de par son histoire et sa position géographique, le berceau et la porte d’entrée de la civilisation judéo-chrétienne. « Ce qui se joue sous nos yeux : l’effacement voulu des traces d’un peuple », résume Stéphane Simon ; « et une guerre se gagne aussi dans les opinions internationales. »

Un an après le déclenchement des hostilités, il ne faut pas cesser de regarder vers l’Arménie et le Haut-Karabagh. Les « plaques tectoniques » bougent encore là-bas, quoi qu’en disent – ou n’en disent pas – les médias européens. Mais retenons aussi l’encouragement que constitue le formidable espoir du peuple arménien, dont témoigne notamment le film de Nora Martirosyan. Guy Teissier peut conclure : « Ce qui caractérise l’Arménie, c’est l’espoir. »

Jeanne RIVIERE