Carine Zarifian : pianiste, de Barbizet à Candlelight

© Carine Zarifian

Les concerts Candlelight (de la start-up Fever) ont déjà fait parler d’eux à Marseille. Juste en amont des premiers, avant l’été, nous avions rencontré Solal Azeroual, imprésario. Aujourd’hui, il nous confirme que le pari sur Marseille était le bon : le public s’est montré très friand de ces concerts à la fois accessibles et pédagogiques ; et diversifiés (Beethoven, Vivaldi, mais aussi Hans Zimmer, Ennio Morricone…) Dans cette même logique, un nouveau projet est en train de voir le jour : les « Candlelight-ballets ». La pianiste Carine Zarifian en est. Elle nous explique pourquoi et revient sur son parcours, qui a croisé celui des plus grands.

Paris a déjà accueilli les premiers ballets Candlelight, au célèbre théâtre Mogador. Heureusement, Marseille talonne la Ville lumière. Solal Azeroual, après avoir rencontré un certain nombre d’acteurs du paysage musical de la région marseillaise, a décidé de jouer le jeu ; ou plutôt, de le lancer. L’idée est de doubler le plaisir de la musique par celui de la danse, pour allier ces deux arts : « Il est vrai que nous avions envie de travailler les synergies des arts. Faire monter des danseurs sur scène permet à l’événement de prendre une tout autre dimension », explique l’imprésario. Varier l’expérience pour le public d’un concert à l’autre est aussi l’une des « pattes » de Candlelight, tout en s’adaptant aux spectateurs de chaque ville. Au programme pour bientôt, donc, les suites du ballet Casse-Noisette de Tchaïkovski.

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Le travail d’adaptation autour de ce ballet a tout de même nécessité un an, notamment la transcription de Casse-Noisette pour deux pianos. Ces derniers se feront face. « Deux pianistes face à face, cela n’a rien de courant », souligne Carine Zarifian, qui, en l’occurrence, sera l’un d’eux. « C’est un pari assez risqué, qui demande une très grande complicité. » Entre les deux suites du ballet et pour « reposer » les spectateurs, des moments intimistes, avec les Fantaisies de Schubert et des danses de Brahms.

Carine Zarifian est aujourd’hui professeur de piano et concertiste au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Mais la bonne surprise, c’est qu’elle est Marseillaise… et qu’elle est loin de l’avoir oublié. Elle a commencé le piano dès ses six ans et n’a cessé de se perfectionner depuis. Ses études, elle les a effectuées au Conservatoire de Marseille, à « la grande époque » : les plus grands maîtres de la musique s’y rencontraient. Dont Carlos Roque Alsina et Pierre Barbizet. Ce dernier est resté directeur du conservatoire de Marseille jusqu’à sa mort, en 1990. « J’ai eu l’immense chance de faire partie des dernières promotions d’élèves de Pierre Barbizet, de travailler avec lui. Il m’a orientée et encouragée : un très grand homme. »

C’est notamment grâce à Pierre Barbizet que Marseille a accueilli les grands compositeurs du XXème siècle. Et si une chose a marqué ses élèves, c’est bien l’originalité de leur maître, qu’il a transmise ; en tout cas, Carine Zarifian le ressent ainsi. Pourquoi original ? Car il ne se cantonnait pas à un style de musique en particulier ; il s’intéressait aussi bien à la musique dite « classique » qu’à la musique contemporaine, dans leurs différences et leurs ressemblances. « Une telle ouverture n’était pas du tout courante à l’époque », insiste notre pianiste.

Ce goût pour l’éclectisme l’a suivie dans toute sa carrière. Carine Zarifian côtoie toutes sortes de musique, travaille aussi avec des chanteurs, des danseurs, des comédiens… C’est pour cela qu’elle s’est enthousiasmée pour le projet des ballets Candlelight.

« Une autre raison pour laquelle j’ai accepté de travailler avec Candlelight, c’est que je mesure bien l’importance de l’accessibilité de la musique. L’un des objectifs de Candlelight est d’attirer des publics différents, des gens qui auraient tendance à penser que « la musique n’est pas pour eux » ». Elle  – qui demande souvent aux spectateurs qui ne sont jamais venus à un concert de lever la main – ressent un appel particulier à transmettre sa passion ; et un devoir de transmission d’autant plus grand vis-à-vis des nouveaux publics ! Des visions croisées, voilà ce qu’elle retient de plus enrichissant dans le travail mené avec l’imprésario. Une aventure commune qui la conduira à Marseille, pour sa plus grande joie… et celle des Marseillais.

Jeanne RIVIERE