Don du sang en Région Sud : un besoin pressant

Les jeunes de la "Team 13" du département des Bouches-du-Rhône en renfort pour une campagne à Marseille © Département 13 / Twitter

C’est vrai : à force de croiser ces affiches soulignant la nécessité des dons du sang, on a peut-être fini par ne plus les voir, justement. Mais parce que les réserves de sang en Région Sud et en Corse sont actuellement encore à un niveau faible – et parce que septembre est aussi un mois de bonnes résolutions – il est capital de rappeler que les campagnes de l’Etablissement Français du Sang (EFS) reflètent une réalité préoccupante. Brice Mollaret, responsable d’activité prélèvement de l’EFS dans les Bouches-du-Rhône, dresse un bilan de la situation.

« On peut donner son sang tous les deux mois, comme on va chez le coiffeur… » C’est par cette phrase humoristique en forme d’adage que Brice Mollaret résume le don du sang. Il faut dire que la réalité est moins drôle. Il nous livre quelques chiffres parlants pour entrer dans le vif du sujet : en région PACA-Corse, il y a un besoin effectif de 1 000 poches par jour ; aujourd’hui, on n’en a seulement 700. « Cela signifie que tous les jours, 300 personnes environ récupèrent des poches de sang données par d’autres régions » souligne le professionnel. « Ce n’est pas un très joli mot, mais on dit que le territoire n’est pas « autosuffisant » ; et cela depuis plusieurs décennies, indépendamment de la crise du Covid. »

Pourquoi une insuffisance de sang sur le territoire ?

Celui qui encadre une équipe de collecte mobile de 35 personnes (médecins, infirmiers, agents d’accueil, chauffeurs…), dans les Bouches-du-Rhône (13) et le sud des Alpes-de-Haute-Provence (04) et du Vaucluse (84), explique les difficultés rencontrées.

En premier lieu, bien sûr, la situation sanitaire qui a bousculé les habitudes de collecte. « On n’utilise pas les camions, car ils ne permettent pas de respecter les règles sanitaires. Normalement, on fait environ 700 collectes par an dans trois types d’endroits différents : les entreprises, les établissements d’enseignement supérieur et dans les communes. »

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Or, le Covid a bouleversé cela : le télétravail a vidé les entreprises d’une partie des salariés, les cours à distance ont produit le même phénomène dans les facultés. Quant aux communes, elles réquisitionnent beaucoup les espaces pour les transformer en lieux de dépistage de Covid ou en « vaccinodrome ». « Beaucoup de lieux de collecte comme les gymnases ont donc disparu pour nous », conclut Brice Mollaret.

Situation tendue donc, puisque la Région Sud rassemble une forte densité d’établissements de santé (ce qui est facile à voir, rien qu’à Marseille ou à Nice par exemple). La moyenne d’âge de la population est également assez élevée pour entraîner davantage de besoins en sang.

Prévoir son don « en cinq clics »

« Dans la région, on est pourtant très pédagogue, reprend le responsable d’activité prélèvement. Le site Internet est très bien fait, on peut prendre rendez-vous en cinq clics ; il existe même une application qui permet de prendre rendez-vous dans toute la France. » Le don est possible avec ou sans rendez-vous, lorsqu’il reste des places. L’Etablissement Français du Sang met un point d’honneur à tout organiser au mieux pour que les donneurs soient extrêmement bien accompagnés, depuis le rendez-vous médical jusqu’au don.

Septembre… c’est l’occasion !

« A la rentrée, on s’inscrit souvent pour une activité ou dans une association. C’est le moment aussi de devenir donneur. On a besoin de nouveaux donneurs, de solidarité nationale. Donner 1 heure de son temps, c’est à la fois s’engager et prendre un temps pour soi. » Enfin, Brice Mollaret le précise : « La seule usine qui fabrique le sang humain aujourd’hui, c’est nous ». Une façon de rappeler que tout le monde est concerné par le don du sang.

Raphaëlle PAOLI

Pour rappel, les femmes peuvent donner leur sang 4 fois par an, les hommes 6 fois. Il faut être âgé d’au moins 18 ans, et au maximum de 70 ans ; peser au moins 50 kg ; et bien sûr être en bonne santé.

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