Macron-Payan, alliés de circonstance

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Emmanuel Macron déclarait en mai dernier dans le magazine Zadig : « J’aime infiniment Marseille (…), c’est une ville extraordinairement attachante « . Alors qu’il s’est rendu de façon exceptionnelle dans la ville pour une visite officielle de trois jours, il a été reçu par le maire Benoît Payan. Il a présenté jeudi soir son plan « Marseille en grand », promesse de grands renforts financiers. Emmanuel Macron et Benoît Payan sont apparus pour l’occasion comme des alliés, affichant des rapports cordiaux.

Le président en campagne

Beaucoup d’élus se déclarent « pas dupes » d’une telle visite du président dans leur ville, y voyant même une forme de « mise en scène ». La sénatrice LR des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer, qui a décliné l’invitation au Pharo pour le discours présidentiel, va jusqu’à dénoncer une « campagne d’autopromotion d’Emmanuel Macron » qui se servirait de Marseille comme d’un « laboratoire pour tester sa candidature ».

Macron-Payan : je t’aime moi non plus

On ne va pas s’en cacher : Emmanuel Macron fait sa campagne à gauche. Il est évidemment stratégique de se rendre à Marseille, la plus grande ville de France après Paris, et d’y « caresser la gauche dans le sens du poil », selon les mots d’un entrepreneur marseillais.

Chacun, Payan comme Macron, est décidé à s’afficher comme le maître des jeux. Le maire de Marseille avait « prévenu » le président, en amont de sa visite, qu’il n’accepterait pas un simple plan financier. Macron, de son côté, s’affiche comme un symbole de l’Etat « généreux mais sévère », en investissant dans la ville, notamment dans les écoles (l’arbre qui cache la forêt) tout en déclarant conserver un droit de regard et, clairement, une surveillance, pour éviter le « gaspillage ».

Une forme de paternalisme auquel n’échappent ni la Ville, ni la Métropole (l’absence de Renaud Muselier, président de la Région, empêche sans doute davantage de se prononcer sur ce plan). Et que de nombreux Marseillais trouvent insultant.

Benoît Payan quant à lui bénéficie de cette visite officielle, puisqu’elle lui offre l’occasion de s’acheter une certaine légitimité (« nous, les élus », selon ses mots d’hier). Macron récupérera le bilan des investissements de l’Etat, tandis que Benoît Payan se voit confier des charges officielles de la part des autorités présidentielles : un gagnant-gagnant. Sans oublier les élections législatives à venir, dans lesquelles le Printemps marseillais pourrait bien se constituer des antennes fiables à Paris.

L’image finale de l’entente entre Benoît Payan et Emmanuel Macron ne serait-elle pas, en fin de compte, celle d’un gâteau partagé au détriment de la droite ?

Raphaëlle PAOLI