Les 5 leçons d’un Tour de France… pas très pimenté

© TDF

Le Tour de France 2021 s’est terminé hier, dimanche 18 juillet. Après trois semaines laborieuses, les coureurs ont pu exprimer leur joie d’avoir bouclé le défi. Mais pour le public, ce Tour n’a pas été particulièrement palpitant. Que retenir de l’épreuve 2021 ?

1. Des performances qui relancent les suspicions de dopage

Ce Tour de France 2021 aura été marqué par l’ultra-domination d’une poignée de coureurs, dont Tadej Pogacar. Sa performance a écrasé celle des autres, relançant les suspicions de dopage. Il n’y a pas de preuve formelle, mais pour les experts du cyclisme, le doute est largement permis. La puissance en watt (« produit de la force donnée sur les pédales, par la vitesse de rotation des manivelles » soit le produit de la force exercée sur un objet par sa vitesse de déplacement) dégagée par Tadej Pogacar lors de ses victoires en montagne dépassent le seuil normal. Ses performances répétées, et sans donner l’impression de fatigue, insinuent le doute. Le site ChronoWatts a établi un indice de confiance par équipe. Noté sur 20, l’équipe perd des points en fonction de ses performances et si elle a déjà était épinglée pour dopage.

L’équipe de Tadej Pogacar est celle qui suscite le plus de suspicion. La performance générale de l’équipe UAE Team Emirates dépasse ce qu’un corps humain peut endurer sans aucune substance. Mais encore une fois, aucune preuve tangible n’est venue valider la suspicion.

2. Des leaders absents

Il est vrai que la domination de Pogacar est due aussi en partie à l’absence de vrai leader dans ce Tour. Aucun des coureurs derrière lui n’était venu avec la réelle ambition de gagner ce Tour de France 2021 si ce n’est Richard Carapaz. Egan Bernal, vainqueur du Tour 2019, avait décidé de prioriser le Giro (Tour d’Italie) qu’il a d’ailleurs gagné. Mais même s’il avait décidé de monter en selle pour le Tour de France, il n’aurait sans doute pas pu rivaliser avec Pogacar ; à comparer leur puissance en watt, Bernal aurait été battu. Geraint Thomas, le vainqueur 2018 n’a été que l’ombre de lui-même, tout comme son ancien coéquipier Chritopher Froome, fantomatique ; à tel point que ses performances passées posent encore plus de questions aujourd’hui. Comment un grand champion a-t-il pu sortir de l’anonymat du jour au lendemain et y retourner aussitôt une fois qu’il a changé d’équipe ? Primoz Roglic, qui aurait dû être le principal adversaire de Pogacar sur ce Tour a dû abandonner à la suite de sa chute. Richard Carapaz, lui, n’a pas pu suivre le rythme.

3. Une ultra domination de Pogacar

Cela n’aura échappé à personne, Tadej Pogacar, le jeune prodige, aura dominé ce Tour de la tête et des épaules. Ramenant 3 maillots dans ses valises (maillot jaune, maillot à pois, maillot vert), il n’aura pas eu la moindre concurrence. Il est le plus jeune coureur s’offrant deux Tours de France consécutifs en remportant à chaque fois 3 maillots distinctifs.

4. Le retour de Mark Cavendish

Mark Cavendish était tombé en dépression et avait sérieusement songé à arrêter sa carrière. Il a appris 3 jours avant le départ du Tour de France qu’il y participerait bien, à la suite de l’abandon de l’un de ses coéquipiers. Pour un coureur sans réelle préparation pour le Tour, on peut dire qu’il aura plutôt bien réussi. Avec 4 victoires d’étape, le maillot vert sur les épaules et le record d’Eddy Merckx égalé, Mark Cavendish ne doit finalement pas regretter d’avoir fait le voyage.

5. Des conditions dantesques en première semaine

La première semaine du Tour n’aura pas été de tout repos, loin de là. Entre les chutes, les conditions climatiques difficiles et la vive allure, la course aura provoqué beaucoup de casse. Plus de 40 abandons au total et des coureurs épuisés physiquement et mentalement.

Bref, le Tour de France 2021 n’aura pas été des plus passionnants en terme de suspens. Pogacar s’est imposé trop tôt comme le futur vainqueur ; à vaincre sans péril on triomphe sans gloire. Le Tour ne restera pas dans les annales, à l’inverse de certains autres qui offraient des duels légendaires : Schleck-Contador (2010-2011), Ulrich-Armstrong (2003) – bien que ce dernier ait été depuis démis de ses titres pour dopage – ou tant d’autres.

Mayeul LABORDE