Région Sud : Muselier en bonne position pour être réélu

© Renaud Muselier

Les sondeurs se sont une nouvelle fois complètement gourés : ils annonçaient dix points d’écart entre Thierry Mariani, le candidat du  Rassemblement National donné largement en tête, et Renaud Muselier, le président actuel (LR) dans la plupart de leurs estimations. Or, en réalité, quatre points et demi seulement séparent les deux hommes.

Certaines estimations (fantaisistes) donnaient Muselier en tête d’un point, d’autres à l’inverse donnaient Mariani largement devant : toutes étaient fausses. Ce qui est sûr, c’est que les sondeurs qui prévoyaient une déroute de Muselier se sont plantés et ceux qui prévoyaient un raz-de-marée du Rassemblement National se sont également trompés. En revanche, le score de Jean Félizia (union des écologistes et de la Gauche) a été correctement évalué puisqu’il se situe à 16,04 % et que ce quantum lui permet de se maintenir au second tour.

Le premier enseignement de ce premier tour de scrutin, c’est que Renaud Muselier ne s’est pas trompé de stratégie, contrairement à ce que prévoyaient les mauvais augures. Son choix initial de rassembler les personnes les plus compétentes et les plus motivées pour se consacrer à l’intérêt général a été payant. Certes, la tactique « attrape-tout » du président de la Région Sud peut offusquer ici ou là les militants les plus attachés à leur boutique partisane, mais force est de constater que Muselier est en passe de gagner son pari au centre-droit et au centre-gauche.

Le réveil des « Républicains« 

L’enjeu du second tour est désormais très clair : Thierry Mariani ne peut compter que sur un sursaut éventuel des nombreux abstentionnistes (70 %) du premier tour, alors que Renaud Muselier peut compter sur un bon report des voix de Jean-Marc Governatori, l’écologiste surprise du premier tour (5,4 %) mais aussi des suffrages (2,8 %) de Noël Chuisano (Debout La France), de Valérie Laupies (1,75 %), ainsi que d’une partie des voix « barragistes » de gauche de M. Félizia qui se porteront sur M. Muselier pour éviter une victoire du Rassemblement National.

Ces spéculations sont évidemment hasardeuses et il vaut mieux rester prudent dans la mesure où l’abstention vertigineuse atteint des niveaux historiques et où les résultats électoraux ne sont guère significatifs de l’état réel de l’opinion. Lorsque vous constatez, par exemple, aux élections départementales qu’un Benoît Payan, maire de Marseille, n’obtient que 6400 voix sur 40 608 inscrits dans son canton et que Samia Ghali, la suffragette des quartiers nord de Marseille, ne recueille que 1352 voix sur 32674 inscrits, ce n’est plus de fatigue démocratique qu’il faut parler mais d’agonie de la Gauche !

Il est vrai que l’organisation « carnavalesque » des élections à Marseille, faute de présidents, d’assesseurs, de tampons et de locaux illustre l’incompétence totale des élus actuels et leur amateurisme sidérant. De nombreux électeurs ne se sont pas détournés des urnes, ils en ont été détournés par obligation !

Second enseignement de ce scrutin « au rabais » : l’excellente tenue du parti des Républicains qui confirme partout son net redressement. Dans les Hauts-de-France où Xavier Bertrand s’affirme comme un candidat sérieux à la présidence de la République, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes où Laurent Wauquiez cartonne, en Ile-de-France où Valérie Pécresse fait le trou et même dans les Pays-de-la-Loire, les Républicains se réveillent. En revanche, le parti du président Macron subit une déculottée historique puisqu’il peine à atteindre les 11% de suffrages.

Quant à Renaud Muselier, sa probable réélection dimanche prochain, l’obligera de nouveau à un long ciselage de mosaïques diverses pour composer sa future majorité. Il a déjà donné : il s’y entend à merveille dans ce jeu de « lego » politique. Mais ce succès, s’il se confirme, comme celui de Martine Vassal en bonne position pour être réélue présidente du Conseil départemental, ne devra pas faire oublier qu’on ne peut pas faire boire un âne qui n’a pas soif. Les Provençaux n’ont aucun appétit pour le Conseil régional, ni pour le Conseil départemental, parce qu’ils ignorent totalement à quoi servent ces institutions et surtout à quoi elles pourraient un jour leur servir !

José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional