Des universités débordées par les étudiants

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Les épreuves écrites du baccalauréat 2021 commencent jeudi 17 juin. En cette période de canicule et dans des salles non climatisées, les lycéens auront fort à faire. Les révisions n’ont pas dû être des plus simples. Entre Roland-Garros, le début de l’Euro de football, le retour des beaux jours et la réouverture des bars et restaurants, il était difficile de rester concentré à 100%. Heureusement pour eux cette année, en raison du contexte sanitaire, les candidats se verront attribuer la meilleure des deux notes entre celle obtenue le jour de l’examen et leur moyenne de l’année dans la discipline.

Cette formule est une hérésie pour certains professeurs. Un enseignant d’un lycée de Toulouse regrette l’effet « domino » négatif qui en découlera : « Nous rendons le bac chaque année plus facile. Nos universités sont débordées, elles n’arrivent plus à accueillir des élèves toujours plus nombreux, qui se présentent souvent sans idée précise de ce qu’ils veulent faire. » Dans certaines promotions de Licence 1, les élèves se trouvent obligés de s’asseoir sur les marches de l’amphithéâtre; d’autres ne peuvent pas même entrer. Pour pallier ce problème, les universités tentent d’augmenter leur capacité d’accueil dans l’urgence en construisant parfois des amphithéâtres de fortune sur des parkings (comme à l’université de Toulouse 1 Capitole) « Nous envoyons nos enfants au casse pipe, témoigne le père d’une lycéenne. Comment travailler correctement dans ces conditions? » Le taux d’échec en première année atteint 60%.

Quelles solutions ?

L’une des solutions avancées par les autorités publiques serait d’instaurer une sélection à l’entrée… par tirage au sort ! Comme cela se fait déjà dans certaines filières. En STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) par exemple, les demandes sont tellement élevées qu’un tirage au sort est effectué pour sélectionner les heureux gagnants. Un élève avec 18 de moyenne générale peut se trouver refusé au profit d’un élève avec 10 de moyenne générale. Une solution loin d’être optimale donc.

Une sélection basée sur la moyenne est aussi envisagée. Mais elle se révèle tout aussi injuste pour certaines filières comme le droit par exemple. Comment peut-on dire qu’un élève ayant 18 de moyenne générale dans des matières qui n’ont rien à voir avec le droit réussira mieux qu’un élève avec 13 de moyenne dans ces mêmes matières ? Julien, étudiant en master 1 Economie et gestion témoigne : « A l’époque où j’ai eu mon bac, s’il y avait eu une sélection par les notes, je n’aurai jamais été pris à l’université. J’avais 10 de moyenne au lycée et j’ai eu mon bac tout juste à 10,5. Pourtant en première année de fac d’Economie et gestion, j’ai fini dans les 70 meilleurs élèves sur 700. Plus de la moitié n’a pas continué en deuxième année, alors même que l’immense majorité avait de meilleures notes que moi au lycée. »

Une solution pour continuer de maintenir l’université ouverte à tous pourrait être de mettre en place des cours hybrides (à moitié en physique et à moitié à distance) pour les étudiants de Licence 1. Ainsi les amphithéâtres ne seraient pas surchargés. En revanche, les cours en visio ne valent pas les cours en présentiel. Le risque de décrochage et donc d’échec sera plus élevé.

Aucune de ces solutions n’apporte une réelle satisfaction. C’est tout le système qui gagnerait à être réformé. Il faudrait permettre aux élèves qui le souhaitent de s’épanouir dans les domaines qui leur plaît le plus tôt possible. Trop d’élèves arrivent à l’université sans savoir ce qu’ils veulent faire et pourquoi ils sont là. Les filières professionnelles ont été dénigrées pendant trop longtemps.

Charlie SALVIGNOL