Torréfaction Noailles : Jean-Luc Blanc a su se faire un prénom

© Torréfaction Noailles

« Ah oui ! Vous êtes le fils d’Henry, c’est ça ? Henry Blanc c’était bien votre papa, hein ?« 

Combien de fois Jean-Luc Blanc, dynamique quinquagénaire, a-t-il entendu cette phrase dans la bouche de ses interlocuteurs ? Combien de fois Jean-Luc a-t-il dû ravaler son ego, lui qui estime, à juste titre, que la vraie réussite ne peut sourire « qu’à un homme dépassionné d’orgueil ». Alors il a souvent fait bonne figure. « Oui, en effet, Henry était mon père, un sacré bonhomme hein ? » convenait-il en arborant une mine radieuse.

De fait, Henry Blanc, c’était une légende de Marseille. Ancien vice-président emblématique de l’OM, il était le digne représentant de quatre générations de torréfacteurs. Le café Noailles, Vateo, l’Eldorado, c’était Henry Blanc. Cet entrepreneur exceptionnel  est mort en mars 2016 des suites d’un cancer, à l’âge de 81 ans; depuis cinq ans, le patron des cafés Henry Blanc, c’est son fils Jean-Luc Blanc, qui a pris sa suite.

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En vérité, Jean-Luc a dû trimer avec acharnement pour se faire un prénom. Au fil des années, l’ombre tutélaire du père s’est peu à peu dissipée. Tant et si bien qu’aujourd’hui tout Marseille a appris à connaître et à apprécier Jean-Luc Blanc, patron d’une entreprise de 150 employés qui vous reçoit à la bonne franquette dans son bureau de la zone d’activités de la Capelette. Cet homme-là est très attachant parce qu’il ne fait pas de chichis, il ne se la joue pas. Il aurait pu faire une brillante  carrière militaire, lui l’ancien soldat du 5ème régiment de Dragons du Valdahon (Doubs), mais il a préféré se consacrer au ballon et au café.

Désormais, Jean-Luc n’est plus seulement le fils de son père. Il est le patron incontesté de l’entreprise familiale. Point barre. « Le Méridional ? Elle est bien bonne celle-là. Vous l’avez ressuscité ? », s’amuse-t-il en nous désignant un fauteuil. Mais le propos se fait plus grave : les conséquences dramatiques de la crise sont là. Les cafés Henry Blanc, comme de nombreux fournisseurs, ont été touchés de plein fouet, et par ricochet, à la suite des fermetures des cafés, bars, restaurants, hôtels, buvettes et des entreprises liées à l’événementiel, la culture, le sport.

Jean-Luc Blanc dans son bureau © J. D’A

Une véritable pandémie économique

« Nous avons connu une véritable pandémie économique, reconnaît-il, et nous avons dû nous adapter au jour le jour. La nuit on faisait des cauchemars en se demandant comment nous allions pouvoir nous en sortir le lendemain. Un tunnel interminable avec cette hantise chevillée au cœur de ne pouvoir assurer la subsistance des salariés et de leurs familles.« 

Toute une chaîne de techniciens a été frappée dans la foulée. Les réparateurs de machines à café n’intervenaient plus puisque tous les établissements étaient fermés. Les chefs de vente étaient impactés eux aussi puisqu’ils travaillent à la commission et que pour eux, zéro vente, c’est zéro revenu. Le tiers des employés a été mis au chômage partiel et les brasseries qui avaient investi de l’argent dans les mesures de prévention sanitaire pour accueillir du public sans risque ont été Gros-Jean comme devant.

Noailles Prado © Torréfaction Noailles

« Ils ont fait les efforts nécessaires, commente Jean-Luc Blanc, et on les a punis ! Comment peut-on imaginer qu’on est autorisé à boire un café à Plan de Cuques alors que c’est interdit au bar de Château-Gombert, à quelques centaines de mètres ? Nous avons été les grands oubliés de la Covid et nous n’avons pas compris certaines mesures incohérentes prises par les pouvoirs publics. »

Jean-Luc Blanc est aussi vice-président de la Chambre de Commerce de Marseille et il a pu mesurer le désarroi de nombreux entrepreneurs. Certes, la plupart d’entre eux ont pu bénéficier de prêts garantis par l’Etat ou de fonds de solidarité, mais on ne peut pas vivre ad vitam aeternam aux crochets de l’Etat. Jean-Luc a fait des pieds et des mains pour éviter à ses confrères un dépôt de bilan : « Il y aura un avant et un après Covid, admet-il. Pour l’instant, c’est un peu le vertige sur les comptes entre les emprunts, les crédits, les leasing, les investissements et la fin du matelas des solidarités. Ce qui nous sauvera, c’est un engouement pour la vraie vie et un appétit inégalé de consommation. »

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Jean-Luc Blanc a vécu « le scénario le plus glauque qui se puisse imaginer ». Mais il peut être fier car il n’a laissé personne sur le carreau. Avec l’ambiance écolo qui règne aujourd’hui en France, ses dosettes en amidon de maïs entièrement biodégradables vont faire un malheur. Et puis les gens vont reprendre leurs habitudes. Bouger, se déplacer, se rencontrer. Jean-Luc aime les gens. C’est pour ça qu’il est aimé des petits et des grands. Il puise sa force dans son inaltérable humilité et dans sa dilection pour les relations humaines.

Et si je vous pariais que sa réputation ne tardera pas à surpasser celle de son père ? Franchement, vous ne trouveriez pas ça un peu fort… de café ?

José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional

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