Affaire VA-OM : face au deux poids deux mesures, une justice à rétablir

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Le 22 mai 1993, le monde du football tremblait à la suite de l’annonce de la tentative de corruption d’un joueur de Valenciennes par l’Olympique de Marseille. Il s’agissait de Jacques Glassman; selon ses dires, il aurait été contacté par Jean-Pierre Bernès, alors directeur général de l’OM, pour lever le pied lors du match Valencienne-OM.

Cette affaire allait sonner la fin de l’ère Bernard Tapie. L’OM sera privé de son titre de champion de France de 1993 et sera relégué en Ligue 2. Près de 30 ans plus tard, cet événement n’a pas été oublié. Les supporters du PSG, notamment, s’en servent aujourd’hui pour essayer de décrédibiliser la Ligue des champions remportée par l’OM cette même année. Cette affaire, surnommée l’affaire VA-OM, va largement dépasser le cadre du foot en prenant une dimension politique. Une simple tentative, et l’OM subira des conséquences durant de nombreuses années.

Mais là où l’injustice est encore plus grande, c’est que le Paris-Saint-Germain, pour des faits similaires, n’a jamais subi la moindre sanction. Personne ne dit rien, cela fait même rire. Les Parisiens n’ont jamais été inquiétés. Rappelons quand même que des joueurs du PSG ont reconnu avoir triché en 1999 pour laisser Bordeaux remporter le titre juste devant l’OM. En voici la preuve, avec les aveux de Francis Llacer, joueur emblématique du PSG, en 2011 : « Je vais me confesser un peu. Il m’est arrivé pendant ce match d’avoir quelques absences. Je n’ai pas été très énergique. Je n’ai pas donné tout ce que j’aurais pu. J’ai un peu traîné les chaussures, on va dire. Notre préparation n’était pas vraiment pointue. On n’était pas à 100 % motivé pour faire un résultat contre Bordeaux; je n’étais pas le seul. Après, peut-être que cela a dû se voir chez moi plus que chez les autres… Etant vraiment frappé de l’empreinte du club et étant né à Paris, je voyais d’un meilleur œil le fait que le titre de champion aille aux Girondins de Bordeaux« . Propos disponible sur ce site.

Rebelote en 2007-2008. Le PSG est en très grande difficulté en championnat et doit gagner pour rester en Ligue 1. Les Parisiens vont s’imposer 2-1 à Sochaux et se sauver. Seulement voilà, Fabrice Pancrate, prêté par le PSG au FC Sochaux, avouera, durant un live avec un supporter, ne pas avoir tout donné dans ce match. Il avouera avoir volontairement fait de mauvais appels et raté ses centres. Cela ne s’arrête pas là. Il raconte également que certains de ses coéquipiers (Stéphane Dalmat, Boukary Dramé, Nicolas Maurice-Belay), supporters parisiens, auraient également levé le pied dans ce match. Il a même subi des pressions de la part de ces mêmes coéquipiers la veille du match. Avant le match, il a reçu un appel de Samy Traoré, mandaté par le coach de Paris (Paul Le Guen), pour lui demander de lever le pied. Durant le match Mario Yepes, défenseur colombien du PSG, le menacera également.

Outre ces tricheries sportives, pour lesquelles le PSG ne subira jamais les moindres sanctions, il y eu également de nombreuses triches financières. Nous pouvons parler de Francis Borelli, président du PSG de 1978 à 1991, qui a détourné plus de 22 millions de francs pour payer des salaires et des transferts de joueurs. Là encore, puisqu’il s’agit du club de la Capitale, Libération titrera son article : « Francis Borelli fâché avec les chiffres ». Ou comment minimiser une fraude de 22 millions de francs. Nous pourrions aussi parler de la double billetterie du Parc des Princes mise en place par Daniel Hechter président de PSG de 1974 à 1978.

Bien sûr, le PSG n’est pas le seul club français à avoir triché. Il y a également la caisse noire de Saint-Etienne au début des années 1980. L’affaire du Haillan à Bordeaux à la fin des années 1980. L’affaire des faux passeports de Saint-Etienne au début des années 2000. Nous pourrions écrire un livre pour chaque affaire.

Les Parisiens, Bordelais, Stéphanois, Lyonnais vont encore dire que les Marseillais se victimisent. Mais comme on le dit au Méridional, les faits sont sacrés; et les faits montrent clairement qu’il y a deux poids deux mesures dans le football français. L’OM était, est, et sera toujours l’équipe à abattre, l’équipe qui agace, l’équipe jalousée.

Mayeul LABORDE