Bordeaux, une institution en crise : deux sons de cloche à Marseille

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Dans un communiqué publié jeudi 22 avril 2021, le fonds d’investissement américain King Street annonce se retirer des Girondins de Bordeaux. Cette annonce met en très grand danger le club, qui se retrouve placé sous la protection du Tribunal de Commerce de Bordeaux. Après avoir renié l’histoire du club en changeant de logo, King Street vient peut-être de couler le club, à moins qu’un nouvel actionnaire providentiel se présente.

Quatre scénarios sont possibles à ce jour:

1- Le plus terrible: le dépôt de bilan et la fin du club. Si cela arrive avant la fin de la saison (il reste cinq matches), le classement du championnat serait recalculé en enlevant les points pris contre les Girondins de Bordeaux. Ils repartiraient alors de National 2.

2- Rétrogradation en Ligue 2. Dans le cas où le dépôt de bilan interviendrait en fin de saison, Bordeaux serait relégué administrativement en Ligue 2.

3- Dépôt de bilan puis reprise. Scénario assez probable, car le club garde une belle cote, étant un club historique et dans l’une des villes les plus dynamiques de France. Dans ce cas, le club perdrait 15 points et le repreneur devra éponger les dettes.

4- Un repreneur immédiat. Il s’agit du scénario le moins catastrophique, puisqu’un repreneur qui arriverait tout de suite en épongeant les dettes permettrait la poursuite classique des activités.

Du côté de Marseille, deux sons de cloche se font entendre : d’un côté les supporters qui compatissent avec les supporters bordelais, de l’autre ceux qui se réjouissent. Les seconds se justifient avec trois arguments principaux:

  • Le premier est que Bordeaux est un rival historique de l’OM. Un rival plus ancien encore que Paris, puisque la concurrence OM-Bordeaux remonte aux années 80. On se souvient notamment de l’épisode où Claude Bez, alors président des Girondins de Bordeaux, était arrivé au Vélodrome avec une Cadillac immatriculée 11 GB 33 et avait traversé toute la tribune Jean Bouin pour s’asseoir à sa place.
  • Le deuxième concerne surtout la génération née à la fin des années 80 et au début des années 90. Trop jeune pour réellement connaître l’apogée du club, leur premier souvenir d’un OM fort est celui de 1999. Cette année-là, l’issue fut cruelle, avec une défaite en final de coupe de l’UEFA (aujourd’hui Europa League) et une deuxième place en championnat à un point seulement de Bordeaux. Un supporter se souvient: « A cette époque, j’avais 10 ans et j’habitais Toulouse. On se battait dans la cour avec les pro-Girondins. Il y avait d’un côté les supporters bordelais, de l’autre ceux de l’OM, et au milieu, quelques rares supporters du TFC qui observaient. » Il ajoute: « Cette année-là, Bordeaux nous a volé le titre, je n’ai pas peur de le dire, ils ont pourri mon enfance. Ce qui leur arrive aujourd’hui je le vis un peu comme une revanche. »
  • Leur troisième argument consiste à prendre en exemple ce qui s’est passé en Allemagne cette année. A la suite de la relégation de Schalke 04, les supporters de Dortmund (rival historique de Schalke) ont tiré des feux d’artifices pour célébrer l’événement. Notre supporter Marseillais témoigne: « En Allemagne les supporters ont fêté la relégation de leur rival comme un titre. Pour eux, c’était une relégation sportive, ce que j’aurais préféré pour Bordeaux. C’est vrai que si Bordeaux venait à descendre comme ça c’est moche. » Il conclut sur un trait d’humour: « Au moins ils sont sûrs de garder leur invincibilité contre nous à domicile. »

Ce qui est certain, c’est qu’un monument du football français est en train de vivre des heures difficiles. A suivre.

Mayeul LABORDE