Le MODEM a choisi de le soutenir; MUSELIER : l’autoroute du soleil

En football, on appelle ça un contrepied magistral. En politique, c’est une embellie climatique en terre inconnue. Le Mouvement Démocrate (Modem), le parti de François Bayrou, principal allié du président de la République et des Marcheurs, a décidé de soutenir l’actuel président de la Région Sud, Renaud Muselier (LR), candidat à sa réélection en juin. Or, Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, a été désignée par la majorité présidentielle pour conduire la liste de la République en marche dans la région sud et son principal allié, c’est le Modem. Mais qu’est-ce que c’est que cet imbroglio, allez-vous penser ?

Tout se passe comme si Sophie Cluzel se retrouvait nue et crue au milieu du gué avec pour seules béquilles quelques marcheurs un peu désemparés. Seront-ils pour autant enclins à la sortir de la mélasse ? Ce n’est pas sûr. Car Christophe Castaner continue désespérément de tendre la main à Renaud Muselier qui se tait et masque son jeu. L’ancien ministre de l’Intérieur estime qu’il vaut mieux tenir avec Renaud que courir derrière lui après des sièges hypothétiques.

Pour corser la note, Gilles Savary, délégué général du mouvement de gauche « Territoire et Progrès » a clairement décidé, lui aussi, d’apporter son soutien à Renaud Muselier au premier tour de scrutin. Et pour pimenter un peu plus l’embrouillamini, Valérie Giacomazzi, déléguée des Bouches du Rhône du mouvement « Agir » a pris à son tour la décision « de faire une totale confiance à Renaud Muselier pour défendre nos valeurs » alors que le chef de file régional d’Agir, Yvon Berland, joue la carte de Cluzel et d’En Marche…Bref, c’est la cacophonie centrifuge.

Mais ce n’est qu’une fausse impression selon les trois conseillères régionales Modem Andrée Alziari-Nègre, Laurence Boetti-Forestier et Marie-Florence Bulteau-Rambaud qui restent droites dans leurs baskets et affirment : « nous faisons partie d’une seule et même majorité élue en 2015 face au Rassemblement National, nos valeurs centristes ont toujours été respectées et nous tenons à poursuivre le travail accompli auprès de Renaud Muselier ».

Une quatrième conseillère Modem de la région sud, Eléonore Leprettre se serait probablement jointe à ses collègues et leur aurait volontiers emboité le pas si elle n’était la directrice de cabinet de Marc Fesneau, ministre Modem des relations avec le parlement, ce qui l’oblige décemment à rester dans le giron macroniste.

Quelle morale tirer de ces divers tiraillements ? D’abord que Muselier a la cote à droite et à gauche et qu’il ratisse large. Ensuite, que son excellente gestion est reconnue sur la plupart des bancs de l’hémicycle régional, hormis ceux du RN. Troisièmement, comme le dit fort bien Mme Bulteau-Rambaud : « il ne faut pas confondre le débat national et le débat régional. Moi je travaille en bonne intelligence avec Muselier et j’ai le sentiment de faire avancer la région dans le domaine de l’emploi, de la jeunesse, de la formation et de l’éducation. Donc j’ai la ferme intention de continuer à ses côtés ».

Sous-entendu : Muselier fait le job et il le fait bien. Les électeurs n’iront pas chercher plus loin : pour Muselier, c’est l’autoroute du soleil qui se profile à l’horizon. Les observateurs, eux, s’interrogeront sur la déliquescence grandissante des partis et des étiquettes. Se réclamer d’un parti politique aujourd’hui, quel qu’il soit, c’est la certitude de se brûler les ailes.

José D’Arrigo

Rédacteur en Chef du Méridional

En couverture : Renaud Muselier, Président de la Région Sud, crédit photo Région sud