Boudjellal : un Tapie aux petits pieds

Alors que Mourad Boudjellal a réitéré son intention de racheter l’Olympique de Marseille, Bernard Tapie est venu le rappeler à l’ordre dans un entretien accordé à La Provence.

Monsieur Boudjellal a en effet oublié certaines règles lorsqu’on veut procéder à un tel rachat. Pourtant lui-même, dans une vidéo sur Rugbyrama, se déclare « très choqué par ces méthodes qui consistent à annoncer qu’on veut racheter un club ». Il n’a pas eu l’air très choqué quand lui-même et son associé Ajroudi ont affirmé partout leur volonté de racheter l’OM. A force de parler à tort et à travers, Boudjellal finit par devenir une caricature de lui-même. Entre son intention de vouloir racheter le Sporting club de Toulon en lui déclarant sa flamme, puis trois semaines après venir déclarer sa flamme à l’OM tout en regardant la situation d’un club comme Bordeaux, ou aujourd’hui celui de Hyères, Boudjellal perd toute crédibilité. Tel un Don Juan, ses belles promesses semblent peu sérieuses. On dirait qu’il est plus à la recherche perpétuelle du buzz, que d’un projet sérieux. Celui qui était un entrepreneur respecté devient peu à peu un aventurier qui nous occupe en ces temps de confinement. Je suis d’autant plus dur avec lui que j’appréciais Boudjellal. Son côté provocateur, ses piques souvent justes et surtout sa réussite dans le Rugby qu’on ne peut critiquer même si l’on n’aime pas le personnage.

Sa réussite dans le Rugby

Il rachète le RC Toulon (RCT) en 2006 alors que le club végète en ProD2. Après de massifs investissements, il fera monter le club une première fois dès 2008 puis en 2011 où il aura la géniale idée de nommer Bernard Laporte comme entraineur. Il fera venir une floppée de stars et remporte de nombreux titres. Avec notamment 3 victoires consécutives en coupe d’Europe et surtout un doublé historique coupe d’Europe-Top14 en 2014. Doublé que même le grand Toulouse de Guy Novès n’avait jamais réussi à s’offrir. Les Toulousains étaient pourtant tout proches en 2008 mais échouant en finale de coupe d’Europe. Novès avait même déclaré qu’il était impossible de réaliser ce doublé. Mais Mourad Boudjellal a cette capacité de transformer l’impossible en possible. De nous faire rêver au-delà de nos espérances. Mais comme toutes les histoires d’amour passionnelles, celle entre Boudjellal et le RCT finira mal. Après des dernières saisons compliquées, où Mourad Boudjellal commençait déjà à devenir une caricature de lui-même, il finit par vendre la majorité de ses parts et se retire du monde du Rugby en quête de nouveaux projets. C’est là où son obsession de racheter à tout prix un club de foot commence.

Le foot n’est pas le Rugby

Seulement voilà, le foot a beau être un sport collectif comme le rugby, ces deux mondes sont complètement différents. Déjà, contrairement au rugby où Boudjellal avait les finances pour racheter lui-même un club et y investir les sommes nécessaires, il doit cette fois faire appel à des investisseurs. Il se tourne alors vers l’Arabie-Saoudite et un certain M. Ajroudi un entrepreneur franco-tunisien qui a des liens avec les Saoudiens. Le projet est simple : des fonds d’investissements venant d’Arabie-Saoudite et d’Ajroudi rachètent l’OM et nomment Boudjellal à sa tête en lui donnant les moyens de gagner des titres. Mais quelle légitimité aurait Boudjellal ? Il n’a jamais travaillé dans le monde du foot et ça ne sera pas son argent qu’il dépensera. On voit bien que les présidents qui réussissent le mieux sont soit issus du monde du football soit c’est leur argent qui est en jeu. Bernard Tapie lui-même disait que lorsqu’on veut diriger un club comme l’OM il faut mettre son argent sur la table, que celui qui donne les ordres paye aussi les salaires. Alors même s’il réussit finalement à racheter l’OM rien ne dit qu’il fera mieux que ses prédécesseurs. Sa communication, pour le moment, laisse même penser le contraire.

Un Marchand de sable ?

Le duo Ajroudi-Boudjellal a fait des déclarations chocs dans les médias. En parlant de placer l’OM et Marseille au cœur d’un grand projet méditerranéen. De sa volonté de vouloir faire venir Zidane sur le banc olympien. De vouloir venir concurrencer le PSG et ses pétrodollars. Il met des étoiles dans les yeux de tous les supporters marseillais. En tant que supporter, comment ne pas avoir envie de voir Zidane, l’enfant du pays, coacher l’OM. Comment ne pas avoir envie de venir concurrencer le PSG et pourquoi pas gagner de nouveau la Ligue des Champions. Oui mais voilà, le duo McCourt-Eyraud avait également fait ce genre de déclaration. Avec le fameux grand attaquant que tout le monde attendait et sur lequel l’OM était soi-disant prêt à mettre 50 ou 60 millions dessus. Le discours d’Eyraud avec la coupe aux grandes oreilles dans les mains en disant que c’était lui aussi son objectif. Ce genre de promesses ne mènent souvent à rien et décrédibilisent ceux qui les font. Comme l’adage l’affirme « dire c’est faire rire, faire c’est faire taire ». Pourquoi pas ne rien dire pour éviter de faire rire et si on le fait alors tout le monde sera bouche bée. Il vaut mieux vendre la réalité et réaliser les rêves que vendre des rêves pour finalement se prendre la réalité en pleine face ; et comme un mauvais lendemain de fête, en vouloir à la terre entière. Pour le moment, Mourad Boudjellal n’est finalement rien de plus qu’un nouveau Kachkar qui joue avec les espoirs des Marseillais en essayant de poursuivre de vaines chimères. 

Mayeul LABORDE